Kyoto du Nord au Sud.
La journée a été une plongée dans la verdure.
Nous avons commencé la matinée par une cérémonie du thé pour le commun des mortels, à savoir que les deux cérémonies du thé auxquelles nous avions participé lors de nos précédents voyages étaient les cérémonies pour la caste des samourai. On retrouve la même précision des gestes, le même rituel de purification des ustensils, la même attention portée aux détails et aux saveurs. La différence est dans la nature du thé et une façon plus détendue de concevoir les choses. Le sencha servi avait tout de même un goût d’eau de cuisson d’épinard, mais il ne faut pas faire confiance à mon goût d’occidentale pour décider de ce qui est bon dans ce pays.
Nous nous sommes envolé vers le temple Sanzen-in (concrêtement, nous avons pris un bus). Nous avons visité une toute petite partie du temple, puisque la majorité des lieux est consacrée à la prière. Nous y retrouvons la même architecture de bois fantastique et l’on sent la texture vivante du bois sous nos pieds. Marcher dans un temple est en soi une expérience en elle-même. Puis, ce fut la découverte du jardin. Ou pluôt de la mousse.
Le temple Sanzen-in est le temple de la mousse. Grâce aux feuillages des arbres et aux nombreuses sources et mares, la mousse a entièrement tapissé le sol, lui donnant des nuances de verts vifs. Le murmure de l’eau, le vent jouant dans les branches des érables, tout ce vert… c’est extrêmement reposant.
C’est aussi dans la mousse que l’on trouve cachés quelques petits Jizo, qui sont semble-t-il des ex voto, colonisés par la mousse. Leur sourires bienheureux ajoutent encore à la douceur des lieux.
A l’opposé de Kyoto, nous avons escaladé la montagne, partant à l’assaut du Fushimi Inari, ou le temple des 10 000 torii. Il ne faut pas se laisser surprendre ou repoussé par le côté kermesse de l’entrée du temple. Oui, il y a des vendeurs de souvenirs, de babioles souvenirs, de petits torii à poser en décoration sur votre cheminée. C’est normal : Inari est le kami (la déesse, si on veut faire simple et rapide) de l’agriculture, du riz, des marchands et des commerçants. Représentée sous la forme d’un renard, elle est liée à la richesse en générale, le temple reçoit des donnations de particuliers et d’entreprises qui font édifier un torii pour s’attirer les bonnes grâces du kami.
Il y a aussi ces chemins qui vous conduisent à travers les bois jusqu’au sommet de la montagne, les chemins et escaliers (il y a surtout des escaliers, soyons objectifs) étant une succession, plus ou moins dense, de torii d’un vermillon éclatant. Et juste derrière se trouve la forêt sauvage, hantée par des chats.
Plus on monte, moins il y a de monde : seuls les plus valeureux arrive jusqu’au sommet. Je dis cela, mais nous s’en menions pas très large. La nuit tombe tôt, il fait sombre dans la forêt, il y a des araignées gigantesques, personne devant, personne derrière… la fin du chemin a été un peu angoissante. Nous avions effectivement laissé beaucoup de monde en route. Les escaliers montent, puis descendent, descendent beaucoup d’ailleurs, de quoi perdre un peu même ceux qui ont un bon sens de l’orientation. Les cartes ne semblaient clairement pas être à l’échelle. Xim m’a poussée à finir la grimpette, alors que je commençais à me demander si nous n’allions pas finir par passer la nuit perdus sous les torii. Et puis… et puis nous sommes arrivés au sommet, satisfaits d’avoir parcouru tout ce chemin, fiers de nous, même si nous commençions à sentir nos pieds.
Ah c’est cool d’être montés tout en haut cette fois !
Oui c’était bien mais long a faire, et les pieds taisent mal a la fin…