Un petit train nous a descendu de la montagne, à travers les rivières, les rizières, les potagers, les champs et des plaqueminiers sont dégulièrement apparu dans le paysage, encore tout garnis de leurs fruits. Nous en avions déjà vu, mise à sécher, à Takayama, et le kaki est maintenant présent partout. Lorsque nous prenons notre deuxième train, un peu plus rustique, pour arriver à Toyama, Xim a un peu peur : le train de deux wagons a des allures de ces vieilles michelines qui circulent encore en montagne ou de train des pignes. Le contraste est énorme avec le shinkansen qui nous transporte pour le quelques vingt dernières minutes de voyage.
Kanazawa est une petite ville, au dire même de ces habitants. Pour moi, une ville de 500 000 habitants n’est pas petite… En tout cas, notre ryokan est à nouveau admirablement bien placé : à deux pas du parc du château, du quartier des geisha, du marché couvert. Un peu plus loin se trouve le quartier des samourais.
Nous avons commencé par.. . aller manger des kaki au marché couvert. Parce que c’est bien beau de parler de kaki et d’en voir de partout, mais en manger, c’est bien agréable aussi. Une échoppe de fruit fait du kaki épluché pré-découpé, à manger avec le petit cure-dent founi. Une vraie aubaine pour les gourmands. Il y a beaucoup de fruit et de légumes. Vraiment beaucoup. En revanche, les tarifs ne sont pas tout à fait les mêmes qu’en France (où je trouve déjà que parfois, ce n’est pas donné). Le record est tenu par le raisin que nous avons vu à l’équivalent de 20 euros le kilo.
Nous avions été prévenu par le responsable du ryokan où nous logeons qu’un spectacle de geisha était organisé en dans leur quartier, dans une maison de thé. En août, donc, Xim a fait des réservations pour des places au premier rang. Le principe étant « premier arrivé, premier servi », nous étions les premiers dans la file d’attente. Et on en a entendu qui ont osé râler « Oh non ! Ils vont prendre les meilleures places ! ». Et bien oui, tout à fait. C’est bien pour cela qu’on s’y est pris bien à l’avance.
Le spectacle était (tout en anglais) fort sympathique : la patronne de la maison de thé nous a raconté comment se passait l’organisation de la maison de thé à l’époque et comment cela se passe maintenant. Ces récits, très drôles et plein d’anecdotes, servaient d’entractes entre les prestations de deux geisha, assez jeunes, mais qui jouaient merveilleusement bien du shamisen et du tambour. Nous avons eu aussi droit à une prestation chantée et subtilement dansée. Des spectateurs ont été invité à s’essayer au tambou. Puis, il y a eu un jeu à boire (du sake), très amusant, jouant sur le rythme et une façon de piéger l’autre. On vous montrera. Nous nous sommes beaucoup amusés à cette soirée, pleine de bonne humeur et de découverte : la geisha la plus prisée de la maison de thé où nous étions a… 80 ans ! Parce qu’elle a une voix extraordinaire et une très grande technique au shamisen, et évidemment, beaucoup de belle et bonne conversation.
Les journées sont belles, à Kanazawa, même si la pluie à un peu perturbé la soirée d’hier et a bien raflraîchi l’atmosphère. Nous sortons encore en t-shirt en journée. Mais où donc est passé l’automne ? Nous avons guêter son apparition dans le parc Kenrokuen, mais sans trop de succès. A peine teinte-t-il le bout de quelques feuilles. L’été a été très chaud, il fait encore bien bon, nous sommes un peu trop en avance. J’espère que l’automne arrivera avant notre départ. Le jardin Kenrokuen est un magnifique agencement de plans d’eau (abritant des carpe koi absolument bioniques), de tapis de mousse et de grands arbres habilement scupltés. La promenade matinale y a été fort agréable.
Le château de Kanazawa est en réalité une reconstitution d’après des fouilles archéologique (je crois) et des photographies qui en avaient été faite pendant l’ère Meiji. Le résultat est assez édifiant (c’est le cas de le dire), tout autant que les explications sur les techniques de construction. Ce château a été bâti, à l’époque, sans un clou, mais avec des techniques très sophistiquées d’emboitement de poutres : c’est une version géante d’un casse-tête chinois, en somme.
Nous avons été plus dubitatif sur le temple ninja, dont le nom promettait bien des choses. Or, il est sans aucun rapport avec les ninja. Il a été nommé ainsi parce qu’il est truffé de pièges et de chausse-trappes, d’escaliers cachés et d’issues de secours dissimulées, afin d’être paré à tout en cas d’attaque. Le problème est que la visite était uniquement en japonais, et on nous a fourré dans les mains un fascicule expliquant un peu les différents points intéressants. Mais rien sur l’histoire du temple et surtout, une réponse à la question : pourquoi un seigneur serait-il dans un temple, avec un besoin impérieux de se protéger contre des attaques ? Au final, la visite nous a semblé très coûteuse pour pas grand chose.
La maison d’un samouraï, dans le quartier des samouraï (logique), est une belle demeure, à visiter lorsqu’elle n’est pas envahit par un bus d’Italiens fraîchement débarqué sur le parking. En l’occurrence, c’était des Italiens, mais cela aurait aussi pu être des Allemands, des Coréens ou des Chinois. Le petit jardin intérieur, reproduisant une montagne et une rivière, doit être, par temps calme, un endroit très appaisant. Les koi doivent définitivement être sous stéroïdes, par contre…
Kanazawa est très accueillante pour les touristes : des plans sont édités dans plusieurs langues, des petits journaux mettant en valeur certains aspects de la ville sont publiés en anglais, et on sent les autochtones très ouverts et accueillant vis-à-vis des hordes d’envahisseurs temporaires. L’accent a beaucoup été mis sur les musées, qui sont nombreux, en bordure du jardin Kenroku, et que nous visiterons peut-être une prochaine fois.
Cela fait toujours plaisir d’avoir de vos nouvelles. Il ne faut pas médire du Train des Pignes : dans le paysage il ressemble à un mini TGV à une seule rame ! Ce n’est plus du tout un truc brinquebalant…